La commune de Boury est située dans le Vexin
Français, à l’extrémité ouest du département de l’Oise, aux confins de
deux autres départements : l’Eure et le Val d’Oise. La rivière l’Epte
qui borde son territoire à l’ouest forme la limite avec le Vexin Normand. Le
territoire de la commune est allongé d’est en ouest et a pour périmètre une
figure très irrégulière. Il est coupé en deux par un ruisseau qui prend sa
source à Hérouval et porte le nom de « Rû d’Hérouval ».
Le village se trouve dans le creux d’un vallon dont les pentes sont assez
raides ; de part et d’autre du vallon s’étendent des plateaux, vers
Parnes au sud, vers Courcelles-les-Gisors au Nord.
L’histoire de Boury est riche en événements et en vestiges du passé. Son peuplement
remonte au temps les plus anciens. La fréquentation du site depuis le Néolithique
(5000 à 3000 av. JC) est attestée par la découverte en de nombreux endroits
d’outils en pierre taillée ou polie (haches, grattoirs, pointes, perçoirs...).
La présence dans les terres cultivées de nombreux débris de silex fait
supposer qu’il y avait plusieurs sites du travail de la pierre, l’un au nord
du village sur les Groux, l’autre au sud sur le plateau entre Parnes et Boury.
La découverte d’une station néolithique sur ce même plateau au lieu-dit le
Cul-Froid indique qu’il y avait là un centre d’habitations, matérialisé
par un fossé comblé en arc de cercle d’où ont été exhumés une quantité
d’ossements animaux ; leur étude a permis d'approfondir les
connaissances sur la domestication des animaux et les premières tentatives d'élevage.
La commune de Boury est aussi riche en antiquités
celtiques, attribuées à la civilisation appelée « Seine-Oise-Marne »
dont la datation est comprise entre 2600 et 1600 avant J.C. Plusieurs sites ont
été découverts sur le territoire de la commune mais un seul est encore
visible aujourd’hui. Il est situédans
le bois de la Bellée, propriété privée, à 3 km au nord-ouest du village.
C’est une allée couverte également désignée sous le nom de « Dolmen de la Bellée», dont la destination était une sépulture
collective. Il comprend une chambre funéraire et un vestibule séparé par une
dalle verticale, percée d'un trou rond fait par la main de l'homme. Des
sculptures rudimentaires mais caractéristiques de cette époque se voient sur
les piliers du vestibule : collier et paire de seins représentent de façon
stylisée la déesse des morts. Le dolmen, découvert seulement au début du XIXème
siècle, a été fouillé en 1867 ce qui a permis de découvrir de nombreux
restes humains en position accroupie.
Près de là, à une centaine de mètres au sud, à mi-chemin de la ferme du Chêne
d’Huy , se dressait un menhir probablement indicateur de ce dolmen mais
aujourd’hui renversé et recouvert par les terres.
Une autre allée couverte se dressait autrefois au lieu dit la Chartre, au sud-ouest
du village et portait le nom de la Cave aux fées. La structure contenait des
restes humains, elle est détruite depuis au moins deux siècles et les
pierres ont servies à faire un pont sur le rû. Son souvenir est cependant resté
gravé dans la mémoire populaire : une légende en avait fait la demeure
d’une sorte de génie malfaisant, en réalité un vagabond, nommé Blaisot,
qui en avait fait sa demeure et hantait le plateau.
Il convient également d’indiquer au sud-ouest du village, à proximité du bois
de la Cucque un amoncellement de blocs de calcaire grossierplacés sur le sol et alignés sur deux rangs, que l’on nomme les
Pierres Tournantes.La légende dit
que la nuit de Noël, pendant la messe de minuit, elles tournaient sur elles-mêmes.
Il ne semble pas aujourd’hui qu’il s’agisse là d’un site néolithique même
si quelques pièces lithiques ont été relevées sur ce lieu.
L’époque des mégalithes est aussi une période de transition, où, progressivement, les
outils de pierre cèdent la place à ceux façonnés en métaux, bronze et fer.
Plusieurs spatules en cuivre à long manche, ornées de dessins grossiers, attribuées à
l’époque du bronze ancien. ont été découvertes en 1845 au Chesne d’Huy
qui était un hameau à l'époque. Plus récemment, il y a quelques années, une
hache de bronze, coulée en moule de sable a été trouvée; elle atteste la
continuité de la fréquentation par l’homme du site de Boury.
En 57 av J.C., César entreprend la conquête des Gaules et après avoir vaincu
Vercingétorix à Alésia, il battit à Clermont, en 51 av JC, Coréus, chef des
tribus gauloises bellovacques et veliocasses, ces derniers étant ceux qui
habitaient Boury. Le pays des Veliocasses
faisait partie, à l’arrivée de Jules César, de la Gaule Belgique. Auguste,
successeur de J.César, divisa les Gaules en provinces romaines et le pays des Veliocasses fit partie de la
Seconde Lyonnaise avec Rouen pour métropole. La paix romaine marqua d’une
empreinte définitive les débuts de notre civilisation : la romanisation a
pénétré en douceur la société gauloise, lui apportant des améliorations
mais bénéficiant en retour d’une bonne exploitation du territoire et de ses
ressources, en particulier agriculture et élevage. Elle conduisit à un habitat
dispersé. Plusieurs villas romaines, exploitations agricoles vivant plus ou
moins en autarcie, se répartirent alors sur le territoire de la commune. Les
tuiles épaisses à gros rebord, les débris de poterie qui parsèment les
terres à l'endroit où se dressaient les bâtiments en sont la preuve. Les
emplacements sont nombreux; aux lieux-dits le Bois Cordonnier, la Terre Potard,
la Cucque, la Chartre. Près de Beaujardin, à la Terre- Potard on découvre des
thermes gallo-romains avec hypocauste ou foyer souterrain, et près de Montbines,
au lieu-dit la Tuile (que l'on prononçait Thieule autrefois), un trésor de 54
pièces en bronze d'époque romaine, postérieures au premier siècle de notre
ère, fut découvert en 1834.
Le nom du village est peut-être d'origine gallo-romaine : Burrius étant le
nom d’un personnage qui aurait contrôlé la région à cette époque.
Buricium est le nom du village utilisé pour la première fois dans une charte
de l'Abbaye de Saint-Denis en 862. Ce n’est qu’ au début du XIIème siècle
que le village prend le nom de Boury.
Quand les Romains furent expulsés de la Gaule au Vème siècle, et après les
invasions barbares venues du nord, le Vexin fut annexé à la Neustrie depuis
Clovis jusqu’à Charles-le-Simple. De l'époque
mérovingienne ne subsistent que des sarcophages avec leurs cercueils taillés
d’un bloc dans la pierre. On en découvre au XIXème siècle en plusieurs
endroits sur le territoire de Boury : au lieu-dit le Plan des Cantiers, aux
Jeunes-Plants près du Chesne d’Huy, le long du vieux chemin de Gisors et même,
curieusement, à la base de la motte artificielle du fort de ville. Sur le côté droit du vieux chemin de
Gisors, on découvrit en1785 un sarcophage en pierre contenant les os d’un
corps humain très grand ainsi qu’une épée et des étriers d’où le nom de
côte du Général.
Vers 630, Dagobert 1er fonde l'abbaye de Saint-Denis et lui confie d'immenses
domaines dont le Vexin. Celui-ci sera érigévers 750 en comté ; les comtes duVexin sont les vassaux et les défenseurs de cette abbaye. Un siècle
plus tard, des pirates scandinaves, les Normands, apparaissent sur les côtes de
France et ne tardent pas à remonterfleuves
et rivières. En 846, le roi Charles II le Chauve réunit au château deNeaufles-Saint-Martinles
Grands du royaume pour définir les lieux où pourraient être dressées des défenses
contre les normands et les empêcher de remonter la Seine. En 877, il signe à
Pitres, dans l'Eure, un édit ordonnant à tout propriétaire d'un domaine d'une
certaine importance, de construire une défense et de réunir autour de lui
quelques hommes d'armes prêts à intervenir. C’est l’origine de la Maison
Forte de Boury et c’est à partir de ce moment que le village commence à
prendre quelque importance.
En 911 et 946, le roi de France traite avec les Vikings et concède au chef
normand, Rollon, par les accords de Saint-Clair-sur-Epte, tout le territoire
entre l'Epte et la mer. Le Vexin est alors partagé en deux: Vexin normand à
l’ouest qui deviendra le duché de Normandie, et Vexin français à l’est,
possession du roi de France. Cette partitionengendrera plusieurs siècles de guerres entre les deux voisins. Ainsi,
Boury devient un poste avancé du Vexin Français et sera fortifié de bonne
heure comme Trie et Courcelles, antérieurement à Gisors dont le château ne
sera construit qu’après 1097.
Dans le haut moyen âge, le village était protégé par une enceinte fortifiée
entourée de fossés, à I'intérieur de laquelle se trouvaient la forteresse et
l'église mais aussi un prieuré fondé au XIIème siècle par Eustache de Boury
pour les moines de l'ordre de Saint-Benoît, le manoir seigneurial, le moulin et
les maisons d'habitation.
De l’ancienne Maison Forte, il ne reste plus aujourd'hui que la butte de terre
amassée à main d'homme, sur laquelle s'élevait l'ancien donjon en bois. On appelle cet
endroit; le Fort de Ville; et on y voit un colombier qui porte la
marque du XVIIème siècle, avec, à proximité, un bâtiment plus récent qui a
remplacé les étables et écuries à la fin du XIXème siècle. Sous la butte
existe une cave du XI ou XIIème siècle, autrefois nommée la; cave au
diable. On y descend par un escalier de 21 marches, surmonté d'une voûte
rampante garnie d'arceaux.
L’histoire n’a pas conservé les noms de tous les seigneurs de Boury. Le premier des
seigneurs connus est Gaubert ou
Walbert en 1030. Eustache, qui lui succède, fonde en 1104 le prieuré et donne
l'église de Boury à l’abbaye Saint-Martin de Pontoise.
Cet ensemble défensif n'était pas vain car les conflits se multiplièrent, surtout
quand le duc de Normandie devint roi d'Angleterre en 1066, et que les ambitions
des deux souverains ne cessèrent de grandir. Dans tout le cours du XIIème siècle,
Boury eut beaucoup à souffrir des hostilités entre les rois de France et
d’Angleterre. La frontière se voit âprement disputée. Boury est ravagé et
incendié en 1119 par Robert de Dangu, allié des Anglais. A la fin du XIIème
siècle, le Roi de France, Philippe-Auguste
et le roi d’Angleterre, duc de Normandie, Richard-Cœur–de-Lion se réconcilient un instant pour partir en
croisade contre les infidèles. Philippe-Auguste revient le premier et profitant
de l'absence de son adversaire, cherche à s'emparer de ses domaines.
Richard-Coeur-de-Lion l'apprend et revient aussitôt, mais sur le chemin du
retour, il est d’abord retenu prisonnier par le duc d'Autriche. A son retour,
la guerre est inévitable. Le 27 septembre 1198, Richard-Coeur-de-Lion s'empare
de Courcelles (sans trop de malcar
il n'y avait que sept hommes dans la garnison), puis de Boury dans la même
journée. Accourant depuis Mantes au secours de ses places, PhiIippe-Auguste se
heurte à l'armée de Richard,1.500 chevaliers et 40.000 hommes de pied, massée
entre Beausseré, dans la boucle de l'Epte et Chambors sur le Réveillon, sur près
de 8 km. Philippe, surpris, est bousculé, il traverse malgré tout la ligne des
adversaires et tente de se réfugier dans Gisors. Mais au passage de l'Epte à
l'entrée de la ville, le pont de bois, sous le poids des hommes, des armes et
des chevaux, s'effondre dans la rivière. Le roi est sauvé. En souvenir de cet
événement, une vierge dorée fut placée, en 1856, en cet endroit sur le
parapet du pont. Les morts de ce combat auraient été enterrés dans une fosse
commune, au lieu-dit "la fosse à Richard" indiquée sur le plan
terrier de 1764.
Au XIIIème siècle, un des seigneurs le plus représentatif de cette époque est
Jean II de Boury dit le Croisé. Il multiplie les dons, aux Templiers, à
l'abbaye de Fontaine-Guérard en Vexin normand, à l'église Sainte-Marie-du
Val. L'église et le prieuré de Boury profiteront largement de ses libéralités
et l’église sera profondément remaniée. Il part en pèlerinage à
Saint-Jacques-de-Compostelle et, avec deux de ses fils, accompagne Saint Louis
pour la 7ème croisade. Les trois mourront en Terre Sainte en1248. Un autre
fils, Guillaume II , mort en 1271, est le dernier seigneur de la famille
primitive de Boury. Sa terre de Boury échoua à sa fille Isabelle qui la porta
par son mariage à Ancel de l’Isle de l’illustre
Maison de l’Isle-Adam.
La famille de l’Isle tint la seigneurie pendant un siècle et demi. Boury eut beaucoup à
souffrir pendant cette période, le village pris et repris à maintes reprises,
et la population confrontée à une existence incertaine et pénible. Cette période
difficile mais marquée par une certaine expansion, se termine par un siècle de
calamités: famines, peste, la guerre de cent ans (1337-1449) et l'occupation
anglaise (1419-1444) qui ruinera à peu près complètement le pays. Rouen tombe
aux mains des Anglais le 19 janvier 1419. Un mois plus tard, la Normandie est
totalement investie et les forteresses qui bordent l' Epte, ne pouvant espérer
aucun secours, tombent les unes après les autres. Les seigneurs de Boury,
Jacques de l'Isleet sa sœur
Simone refusant allégeance à l'Anglais se réfugient auprès du roi de France,
Charles VII. Le roi d'Angleterre, Henri V, donne la seigneurie de Boury à deux
de ses capitaines John Poltrot et Richard Merbury. L'ancien seigneur, Jacques de
l'Isle, se fait tuer au cours des combats et le domaine reviendra, après
l'expulsion des Anglais en 1449, à sa fille Guillemette de Boury, épouse de
Guillaume de Fontaine. Leur fils, Guillaume II de Fontaine, vendra la seigneurie
en 1498 à un parent, Jean du Bec-Crespin,
sénéchal de Normandie, membre d'une puissante et vieille famille normande qui
possédait de nombreuses terres dans la région. Cette famille entreprendra
d'importants travaux pour restaurer le manoir seigneurial en ruine. Elle fit démolir
les murs de la forteresse et combler les fossés.
Les bâtiments s’ouvrent alors sur la place principale du village. la grosse tour d’angle
coiffée d’un toit pointu date du XVème siècle, mais elle sera profondément
remaniée au XVIème siècle, alors que l'on construisait le corps du logis qui,
aujourd'hui, se prolonge par un bâtiment plus tardif du XVIIIème siècle. A
l’intérieur de la tour du manoir était édifiée une cheminée monumentale,
remarquable morceau de sculpture Renaissance,enlevée en 1902 et transportée au musée de Boston. Sur le pignon de la
grange, se dresse un lion héraldique du XVIème siècle qui tient entre ses
pattes un écusson aux armes de la famille du Bec-Crespin.
Le fils de Jean du Bec futvice-amiral
de France. Son petit-fils Charles II du Bec devint un ardent adepte de la Réforme.
Sa soeur, Françoise du Bec-Crespin, épousera un seigneur voisin, Jacques
Mornay, seigneur de Buhy, dont elle aura plusieurs enfants dont Philippe
Duplessis Mornay, ami et conseiller d'Henri IV, qu'on nommera "le pape des
huguenots". Elle instruira ses enfants dans la religion réformée. Une
colonie protestante se formera dans la région autour de Boury, à Vaudancourt,
au Chesne d'Huy, atteignant jusqu'à 150 personnes au XVIIème siècle. Les réformés
qui se rendaient au temple de Buhy, empruntaient pour ce faire, le chemin qui a
longtemps conservé son nom de « chemin des huguenots ». Lors
de la révocation de l'Edit de Nantes en 1685, les protestants seront expulsés.
Le hameau du Chesne d'Huy perdra alors de son importance; il est réduit
aujourd'hui à une seule ferme.
En 1580, Boury sera érigé en baronnie par le Roi Henri III. A la mort de Georges
du Bec-Crespin, fils de Charles II, la baronnie de Boury passe par succession à
son gendre Jacques de Pellevé, et
elle restera entre les mains de cette famille de Pellevé pendant un siècle. Le
dernier du nom, Emmanuel de Pellevé, se fait tuer au passage du Rhin en 1672,
à la tête de son régiment qu'il entretenait de ses propres deniers.Il avait obtenu en 1652 que la baronnie de Boury fut érigée en
marquisat. Sa veuve se retire au château de Vaudancourt et elle cède, en 1681,
la baronnie à Guillaume Aubourg, seigneur d'Aubevoye et d'Escrépigny. Il est le fils d'un
capitaine des bourgeois de la ville de Rouen, nommé par Henri IV à la vicomté
de la ville. Guillaume Aubourg, Garde des Rôles des Offices de France et Grand
Audiencier de France abandonnera la vieille demeure seigneuriale, mal adaptée
à la nouvelle manière de vivre sous le Roi Soleil.et fit construire le château
en 1685 sur les plans de Jules Hardouin Mansart. Quatre ans plus tard les
travaux sont achevés ainsi que les jardins et les parterres à la française
attribués à Le Nôtre. Le roi Louis XIV confirme le titre de marquis attaché
à la seigneurie de Boury ; les armoiries des Aubourg sont "d'azur au
lion d'or accompagnées à dextre d'une étoile du même et à senestre, d'une
larme d'argent;
Puis arrivent les troubles de la Révolution. Les Aubourg n'échappent que de
justesse à la guillotine. Charles III Aubourg emprisonné au château de
Chantilly avec sa famille sera libéré en octobre 1794 après thermidor. Il réintègre
son domaine sous les acclamations de la population. Le marquis avait, pendant sa
détention, confié trois de ses plus jeunes enfants à son fermier, receveur
principal de la seigneurie resté à Boury, le sieur Pelletier.
Celui-ci eut deux fils qui s'illustrèrent dans les armées de la République et
de l'Empire. Le plus jeune, Aimé Sulpice, devient Général de Brigade et sera
mortellement blessé en 1813 à la bataille de Leipzig. L'aîné, François Elie,
sera promuGénéral de Division,
Grand Officier de la Légion d'Honneur, et créé Comte de Montmarie par Napoléon
1er. Il meurt en 1854, son nom figure sur l'Arc de Triomphe à Paris.
En 1815, Boury est occupé par les Prussiens (une brigade de 200 hommes) puis par
des soldats polonais. Charles III Aubourg, marquis de Boury, père de neuf
enfantslaisse à sa mort en 1823, une succession difficile et,
finalement, le domaine doit être vendu. Il s'était transmis jusqu’alors par
alliances et successions dans la famille de ses fondateurs. En 1818,le marquis
Charles II Aubourg légua à la commune un terrain, au nord du village,pour servir de cimetière en remplacement de l’ancien qui entourait
l’église, devenu vétuste et exigu. Son fils Guillaume IV, maire de Boury, réalisa
le projet et conserva pour sa famille un enclos privé au centre du nouveau
cimetière. En 1837, le comte Auguste de La Ferronnays fit aussi ouvrir un
cimetière particulier pour sa famille. Son épouse fit ériger après la mort
de sa filleAlexandrine, une trèsbelle croix finement sculptée, en marbre de Carrare,qui domine leur sépulture.
Le château est acheté en 1823 par Mme Tassin
de Villiers qui pendant treize ans fit beaucoup de bien dans la commune avec
discrétion et discernement. Elle est enterrée à gauche de la petite allée
qui conduit au cimetière de la famille de Boury.
Place du Fort-de-Ville en 1900
Le château et les deux parcs furent achetés en 1835 par le Comte Auguste de
la Ferronnays,ambassadeur de
France, pair de France et ministre des Affaires Etrangères sous le Roi Charles
X. La grande ferme passa à la comtesse de Lagrange, propriétaire du château
de Dangu et le bois de la Bellée devint la propriété d’Adolphe Brongniart
le célèbre botaniste, membre de l’Institut. Une des filles de La Ferronnays,
Pauline, mariée à un diplomate anglais, Augustus Craven, écrivit un livre le
Récit d’une Sœur, I'histoire de son frère et de son époux. Cet ouvrage
romantique entaché de mysticisme eut un grand succès. Une autre, Eugénie, épousa
le comte Adrien de Mun de qui est né Albert de Mun, le célèbre orateur,
membre de l’Académie française. Le fils ainé Charles fut élu conseiller général
de l’Oise, puis député du Ger mais aussi maire de Boury pendant 12 ans. Il
était marié à la comtesse de Lagrange. Sous les auspices des La Ferronnays,
Boury connut une certaine célébrité mais à la mort de la comtesse douairière,
le château dut être mis en vente par les héritiers.
Tombé entre les mains de spéculateurs,
il faillitêtre démoli mais il
est racheté, en 1851, par la famille Vialet ;
celle-ci lui apporte de nombreuses modifications et le conservejusqu'en 1875. La succession Vialet était prête à céder le château
à un entrepreneur qui voulait en récupérer pierres et charpentes lorsqu'il
fut sauvé par un descendant par alliance du dernier seigneur de Boury portant
le nom de Aubourg.
En octobre 1870, Gisors a été occupé par les troupes allemandes. En décembre,
les Prussiens concentrent des troupes pour faire face à une armée française
qui, depuis Rouen, avance vers Etrépagny. Boury doit alors loger 400 cavaliers
saxons mais. sans plus de dommages que les lourdes fournitures imposées par les
occupants.
D’autre personnages célèbres se feront connaître à Boury, au cours du XIXème siècle :
les sculpteurs Léon et Hélène Bertaux.
On doit au premier le monument funéraire du compositeur Eugène Gauthier qui se
trouve au Père Lachaise, à Paris. Quant à son épouse, elle produit de
nombreuses œuvres, et sculpte, entre autres, les statues qui ornent la façade
de l'église de Saint-François-Xavier à Paris. Elle expose au Salon de 1876
"la jeune baigneuse" exécutée à Boury, d’après une jeune fille
du village qui a servi de modèle. Elle fut le fondateur et la première présidente
de l’Union des femmes peintres et sculpteurs.
Boury prend dès le XIXème siècle le visage qu'il possède encore aujourd'hui. Les
maisons s'organisent autour de deux axes parallèles et deux places. Sur l'une
d'elles existe encore l'énorme tilleul qui fut planté en 1848. Les toits de
tuiles ou d'ardoises remplaçaient les couvertures en chaume. Il n’y a pas
d'industrie dans le village. Le four à chaux établi près du chemin de Gisors,
disparaît à la fin du XVIIIème siècle. Sous le premier Empire une famille de
quatre personnes fabriquait des dominos. Il y eut ensuite deux tisserands, des
soldats démobilisés, qui n'existèrent qu'un moment. Une bonneterie s'installe
en 1837 et occupe quinze ouvriers et quelques femmes, mais en 1857, elle avait
perdu de son importance et ferma bientôt. Au cours de ce siècle, de nombreuses
femmes étaient dentellières comme au siècle précédent. Deux moulins
coexistaient, le moulin banal issu de l'Ancien Régime établi dans la grande
ferme, et le moulin Galet installé en 1825 à la sortie du village vers Dangu.
Ils cessèrent toute activité dans le dernier quart de ce siècle. Les fours à
pains, que l’on retrouve dans presque chaque maison, se sont éteints à la même
époque.
Pendant la guerre de 1914, la commune a échappé à l’invasion mais 18 de ses habitants sont morts au
combat. Au début de juin 1940, presque toute la population, effrayée par le
bombardement de Gisors, émigra jusque dans l’Orne. Les Allemands, après
avoir traversé le village ne laissèrent ensuite qu’un poste à Montbines
et habitèrent des maisons vides. Il n’y eut d’occupation totale et
permanente qu’après novembre 1943. Après deux bombardements anglais faits
par erreur les 10 et 17 juillet autour du village, mais sans victimes et sans
dommages, Boury fut libéré le 29 août sans résistance des occupants. Cinq
combattants de Boury sont morts au cours de cette guerre.
Après le passage de l'occupant, le château, dévasté, ne dut son sauvetage et sa restauration, que
grâce à l’énergie et la persévérance de son propriétaire.
Au début du XXème siècle, on trouve installés dans le village, une boulangerie,
une boucherie, une charcuterie, plusieurs épiceries-débits de boissons et même
un hôtel-restaurant appelé « Lit-on-dort ».Mais aujourd’hui,
tous ces petits commerces ont disparu. Une autre particularité de Boury, rare
pour un village rural, est d'avoir abrité, pendant plus de trois siècles, une
étude notariale.
Le nombre des artisans a également diminué au cours de cette période: ainsi la
belle forge du maréchal ferrant, qui fonctionnait depuis plus d’un siècle
dans le très ancien bâtiment de la « petite ferme de la seigneurie »,
a-t-elle fermé ses portes. Seuls persistent encore des activités en rapport
avec le bâtiment.
L'agriculture reste le moteur économique essentiel du village avec ses quatre fermes, 580
hectares de terres labourables sur un total de 1071 hectares pour toute la
commune. L’évolution de la population est à l’image de ce qui s’est passé
dans le canton de Chaumont; la poussée démographique de la fin du XVIIIème et
du XIXème siècle fait passer le village de 340 habitants vers 1725 à la
pointe de 582 en 1841, puis c'est la chute, 280 habitants en 1975 et une reprise
amorcée par suite de l'éclatement jusque dans les campagnes du sud de l'Oise,
des banlieues de la capitale.
Aujourd’hui le village de Boury-en-Vexin s'est agrandi de nouvelles constructions, et rénové
du fait d’un certain engouement pour des résidences dites secondaires. Mais
dans l'ensemble, l'harmonie, le charme et le style du vieux village a pu être
préservé, tant par ses anciens habitants, que par ses nouveaux occupants,
conscients d'être dépositaires d'un précieux patrimoine.