L'EGLISE DE BOURY EN VEXIN
L’église de Boury a été fondée en 1104 par Eustache, seigneur de Boury et dédiée à
Saint-Germain , évêque d’Auxerre ; elle dépendait de l’abbaye Saint-Martin de Pontoise.
Primitivement l’église avait la forme classique d’une croix latine, dont les extrémités
regardaient les quatre points cardinaux. L’édifice actuel, résultat des
remaniements nombreux survenus au cours des siècles, comprend une nef,
accompagnée de bas-côtés, un transept et un chœur terminé par un chevet et
flanqué de deux chapelles latérales .
Le chœur
constitue la partie la plus ancienne de l’église et remonte au début du XIII
e
siècle ou même à la fin du XII
e. Il se compose de deux travées
originellement éclairées par une lancette dans l’axe de chaque travée ; celles-ci
ont été détruites lors de la construction des chapelles.
Le carré du
transept qui porte le clocher, bâti en même temps que la travée centrale,
date du second quart du XIII
e. Il est formé par quatre piliers dont
le diamètre important est masqué par des colonnettes groupées qui soutiennent
quatre doubleaux en point. Le croisillon sud a conservé son aspect
primitif mais le croisillon nord, remanié lors de la construction de la
chapelle latérale qui accompagne le chœur possède une voûte sur croisée
d’ogives du XVI
e.
La nef date de la première moitié du XVI
e siècle, elle est divisée en 3 travées,
recouvertes de voûtes sur croisées d’ogive reposant sur des piliers
cylindriques. Ceux-ci, dépourvus de chapiteaux, supportent les arcs en tiers point qui font
communiquer la nef avec les bas-côtés.
Le bas-côté sud a une largeur à peu près égale
à celle de la nef; il est surmonté de trois croisées d’ogive, appuyées
sur de petits pilastres. Le bas-côté nord est plus étroit, recouvert
simplement de trois berceaux en pierre, perpendiculaires à l’axe de l’église.
Les chapelles latérales sont un peu plus basses que le chœur. La chapelle méridionale date
du second quart du XIII
e, probablement utilisée par les moines
du prieuré voisin; les deux fenêtres flamboyantes qui l’éclairent datent du
XVI
e et les clés des deux voûtes d’ogives sont ornées
par des écus surmontés par les armoiries des marquis qui ont présidé
à la reconstruction de la chapelle. La chapelle septentrionale placée sous le
patronage des seigneurs de Boury avait été construit au XIIIème siècle par
Jean de Boury sous le vocable de Notre-Dame de Pitié. Elle porte aussi le nom
de chapelle seigneuriale et avait un accès direct depuis l’ancien manoir .
Le clocher de l’église construit sur le carré du transept est une tour carrée, épaulée
aux angles par de petits contreforts et percé sur chaque face de deux baies
superposées en tiers point. Il est surmonté d’une flèche recouverte
d’ardoise dont la construction n’est pas antérieure au XVI
e.
On accède au clocher en montant sur les voûtes de la nef par un
escalier installé vers la fin du XVII
e dans l’angle nord-ouest de
la nef. A mi-hauteur de l’escalier actuel, se trouve une porte depuis
longtemps condamnée qui ouvrait autrefois dans un bâtiment dépendant de
l’ancien manoir seigneurial. Les trois cloches sont de1553, elles ont été
ensuite plusieurs fois remplacées et refondues, la dernière en 1897.
Extérieurement l’église n’a pas la même diversité de style qu’à l’intérieur. La façade
principale ou méridionale avec ses fenêtres flamboyantes, ses contreforts
amortis par un petit pignon arrondi remonte au XVI
e, lors des
transformations effectuées après la guerre de Cent Ans.
La petite porte latérale en plein cintre n’a été percée que
plus tard; décorée par une archivolte figurant un cep de vignes avec des raisins,
elle est surmontée par une petite niche abritant une vierge médiévale en pierre qui a été volée.
Cette façade surplombait l’ancien cimetière qui s’étendait sur une partie
de la chaussée actuelle.
La façade arrière ou septentrionale, plus ancienne, a moins de caractère avec ses fenêtres
ogives à double division. Elle porte aussi les traces d’ouvertures qui
donnait un accès direct depuis le manoir seigneurial.
La façade occidentale paraît déséquilibrée. Elle est formée par un grand pignon
correspondant à la nef principale, à l’étroit bas-côté nord et à l’extrémité du bas-côté sud épaulée
par un contrefort posé de biais sur celui-ci un cadran solaire daté 1670. S’ouvrant dans l’axe de la façade,
la porte d’entrée principale est un grand portail carré en bois, à angles émoussés et orné
d’assez jolies boiseries; une fenêtre flamboyante a été aménagée
plus tard latéralement. L’oculus légèrement ébrasé visible dans le grand
pignon est un vestige du XIII
e siècle.
L’église de Boury possède plusieurs œuvres d’art dont la principale est un reliquaire vénéré
depuis le XIII
e siècle et qui renferme un os du bras de
Saint-Germain d’Auxerre, patron de la paroisse. Cet intéressant spécimen de
l’orfèvrerie médiévale figure un bras dont la main bénissant sort d’une
double manche. Il est formé de plusieurs plaques d’argent repoussé appliquées
sur une lame en bois par de petits rivets et orné de filigranes et rinceaux
parsemés de gemmes. Ce reliquaire aurait été offert à l’église
par Jean II de Boury avant son départ pour la croisade en 1244 avec le roi
Saint-Louis. Il est classé « Monument Historique »depuis1904. Pour
assurer la protection du reliquaire il a été placé dans une chambre forte de
Beauvais.
Un certain
nombre de tableaux méritent également l’attention : une grande toile,
classée depuis 1912, représentant Notre-Dame du Rosaire est placée au-dessus
de l’autel de la chapelle seigneuriale. Attribuée à l’école française du
XVII
e, elle montre la Vierge remettant le Rosaire à Saint Dominique.
Un autre retable représentant la Résurrection du Christ surplombe le Maître-autel.
Traité dans l’esprit académique du XVIII
e siècle, il a été peint en 1787 par
Duchesne de Gisors. Du même artiste, une Vierge de l’Assomption, dans la chapelle Sud.
Un tableau du début du XVII
e, peint sur bois, l’Adoration
des Mages est placé au fond de l’église contre le mur méridional, au dessus d’un autel dédié à Saint-Sébastien.
Il faut remarquer aussi quelques statues en pierre tendre datant du XVII
e:
Saint Michel et Sainte Madeleine dans la chapelle Sud, Saint Germain et saint Sébastien
dans le chœur au dessus de l’autel, Saint Roch dans l’angle du transept
Nord et à côté de la porte d’entrée latérale, une grande et lourde statue
en pierre représentant une Vierge-mère.
Face à cette même entrée est placé un bénitier
en pierre du début de la Renaissance, classé lui aussi. Son chapiteau creux
est orné de figures symboliques alternant avec des fleurons. La cuvette en faïence
est malheureusement endommagée.
LE LAVOIR COMMUNAL
Au cours des siècles passés, il n’y avait pas de lavoir public mais les femmes
profitant de la situation privilégiée du village, traversé par un ruisseau,
l’ont utilisé, pour y laver le linge ; la tâche était lourde et se
pratiquait à genoux. Le seul élément en dur de ces lavoirs à ciel ouvert était
formé par de longues dalles en pierre .
Au cours du XIXème siècle, de petites constructions en bois ou même en pierre ont apporté
un confort plus grand à celles qui faisaient la lessive, les protégeant de la
pluie ou au contraire d’un soleil excessif. Mais ce n’étaient là que des
initiatives personnelles et ces petit lavoirs n’étaient destinés qu’à
leur propriétaire. Chaque maison donnant sur le rû avait une dalle de lavage
en pierre dure. Le petit bâtiment couvert de tuiles plates était soit en bois
soit en pierre.
En 1892, sous
l’impulsion du maire Danger, un projet de construction d’un
lavoir
communal couvert est mis à l’étude et adopté par le conseil municipal.
Deux ans plus tard, en 1894, une parcelle le long de la rue du pressoir est
acheté par la commune à Edmond
Husson,
avocat à Paris, propriétaire des terrains de l’ancienne petite ferme du
village pour y construire cet édifice.
L’architecte
Barbier, conducteur-voyer à Gisors, en établit les plans. Deux projets furent
proposés à la commune : le premier envisageait de construire les bassins
parallèlement à la rue, le second parallèlement au faux-rû d’Hérouval;
c’est ce dernier qui a été retenu.
La construction est réalisée la même année par Henry Rossignol, entrepreneur de
maçonnerie à Boury
Ce lavoir,
situé dans le bas de la rue du pressoir, destiné à l’usage public comporte
deux bassins, un grand, pour le lavage, situé en amont de 5,30 x 2,60 mètres,
et un plus petit en aval pour le rinçage de 1,70 x 2,60.
Les murs du bâtiment
sont construits avec des moellons de pays et les pierres à laver sont faites en
dalle dure de Reilly ou de Vaudancourt. Le sol est recouvert de briques et la
toiture est en ardoises.
Ce lavoir était
alimenté par l’eau d’une source, dite de Saint-Germain, existant non loin
du village, à mi-côte du Raguet au lieu dit la Maladrerie, un peu plus haut
que l’entrée de l’ancien cimetière. L’eau était canalisée
dans un conduit souterrain, aujourd’hui vétuste,
jusqu’au lavoir et débouchait dans une fontaine. En outre les eaux de pluie
provenant des toits du bâtiment, alimentaient également les bassins
comme dans
les
lavoirs à impluvium.
Dans le projet
initial, l’eau du lavoir devait être captée dans une source située sur le même
coteau à 80 mètres à l’est de la source Saint-Germain puis être acheminée
jusqu’à lui par un conduit séparé. Quant à l’eau de la source Saint
Germain, elle aurait du servir à alimenter le village en eau potable, mais le
coût de l’investissement dépassant à l’époque les possibilités financières
de la commune, ce projet a été
abandonné.
Le lavoir
fonctionna de cette façon jusqu’en 1919, date à laquelle les eaux de la
fontaine Saint-Germain, à proximité du cimetière actuel, furent à nouveau
canalisées dans la rue du pressoir pour alimenter en eau potable les
bornes-fontaines destinées aux habitants du centre du village. Cependant une
arrivée existe toujours sur la façade du lavoir mais n’est plus
fonctionnelle.
En 1923,
l’alimentation du village en eau potable étant devenue insuffisante, il est décidé
de réparer la pompe défaillante de la place du fort de ville datant de 1844 et
de creuser par ailleurs quatre puits avec pompe pour chacun d’eux.
Le lavoir
communal a été utilisé jusque vers l’année 1960.
Le bâtiment qui fait
partie du petit patrimoine de la commune se dégradait ; il a été rénové pour
être conservé pour les générations à venir comme témoin du passé.